Pour l’unité des luttes !
Le CAPITALISME, ce n’est rien d’autre qu’un système dans lequel une petite minorité de personnes met le restant de l’univers, hommes et nature, à son service, l’intérêt particulier qui piétine l’intérêt général avec cynisme et mépris.
Les capitalistes captent les richesses naturelles et celles que produit le travail humain, ils les possèdent, en ont la propriété privée, et ne pensent qu’à augmenter cette captation, sans aucuns scrupules. Il en découle toute une série de conséquences inacceptables, et dans tous les domaines de la vie. Pour faire court :
- catastrophes écologiques (réchauffement climatique, pollutions, danger nucléaire…).
- catastrophes sociales (plans sociaux, délocalisations, attaques contre la sécurité sociale, le droit à la retraite, exploitation éhontée de la main d’œuvre…).
- catastrophes sanitaires (malbouffe, conditions de travail…).
- crises économiques (misère).
- guerres (entre capitalismes nationaux, pillage du tiers-monde…).
Le capitalisme, ce n’est rien d’autre qu’une minorité d’hommes qui exploite et pille le monde, semant la désolation, la destruction, la misère.
Cependant, parmi ceux qui luttent contre cet insupportable état de fait, les uns se battent contre un grand chantier inutile, d’autres contre un plan social ou une délocalisation, d’autres contre le nucléaire, l’agriculture intensive (etc.). Chacun a son « pré carré », sa marotte, sa spécialité. Il n’y a guère de circulation des personnes d’un domaine de lutte à l’autre, chaque mouvement fait plus ou moins « bande à part ». Et pourtant, comment ne pas voir que chacune de ces luttes affronte le capitalisme, et qu’il ne saurait y avoir de victoire pour les uns ou pour les autres que si le capitalisme est renversé pour aller vers une autre société ? N’est-ce pas, sous des facettes variées, une seule et même lutte, celle qui veut renverser la dictature des pillards en costards pour instaurer une vie plus humaine, plus démocratique, qui donne par conséquent priorité à l’intérêt de tous ?
Or, il semble que, en revanche, chacune de ces luttes partielles trouve en face d’elle toutes les forces coalisées du capital. Celles de l’Etat (police et armée) bien sûr, dont les dirigeants (les politiques) sont à la botte des intérêts des pillards (et qui entretiennent avec ces pillards des « relations de famille »), mais encore tout ce que l’argent peut payer (campagnes de propagande, milices privées, armées d’avocats…). Dans ces conditions, n’est-ce pas, à chaque fois, David contre Goliath ? Comment, dans ces conditions, ne pas se poser la question de l’unification des luttes ? Comment ne pas faire l’hypothèse que si ceux qui combattent les GPIs rejoignent devant leur usine ceux qui combattent pour conserver leur emploi, et si ces derniers appuient de leur présence l’occupation d’une ZAD, et ainsi de suite, la force anticapitaliste ainsi créée deviendrait assez grande pour vraiment bousculer le système ? Certes, cette hypothèse peut sembler fantaisiste tant que l’on ne prend pas conscience que, en définitive, la lutte des uns est la lutte des autres, que c’est une seule et même lutte, or cela a été montré plus haut et il faut encore y insister : il ne s’agit pas ici de proposer une alliance accidentelle entre des mouvements différents, mais de réunir ceux qui sont déjà uns contre le capital, et qui ne sont séparés que par une vision trop étroite de ce contre quoi ils luttent, c’est-à-dire, au fond, par erreur.
Il demeure, cependant, la question des « modèles subversifs ». En effet, il est indéniable que tout le monde n’est pas d’accord sur les méthodes pour renverser le système (ni sans doute sur les modalités de la société à mettre en place ensuite). Certains prônent la création d’îlots de résistance qui auraient vocation à faire tâche d’huile, d’autres estiment que seul un mouvement de grande ampleur, du type révolution, serait à même de renverser l’ordre des choses. Mais un mouvement unifié ne peut-il assumer les deux démarches en même temps ? Ne peut-on à la fois créer des lieux extérieurs au système, où l’on apprend à vivre et penser autrement, et se battre dans le même temps au sein du système ? Ne peut-on espérer que se crée ainsi une synergie par laquelle chaque démarche nourrit l’autre ? Sans doute, à cette condition, du moins, que ce soient les mêmes qui aillent d’une démarche à l’autre, ce qui est pour l’instant loin d’être le cas, et qui produit donc une fausse opposition entre les deux cheminements.
Il va de soi, pour finir, que ces pensées ne peuvent concerner des mouvements ou institutions que l’on ne peut que caractériser comme gardiens du système : FdG, écologistes institutionnels, syndicats… tout ceux-là seront contre nous, et il fait aussi parti de notre tâche de les mettre en faillite en créant un mouvement assez ample pour supprimer les illusions sur lesquelles reposent leurs existences.